Les postures qui soulagent vraiment pendant le travail : conseils d’une sage-femme

Je sais à quel point le travail peut être intense et déroutant. J’accompagne des femmes depuis des années et je crois profondément que les postures pendant le travail sont un outil simple, efficace et souvent sous-estimé pour mieux gérer la douleur, favoriser la progression du travail et respecter le bébé. Voici des postures concrètes, expliquées pas à pas, pour que vous puissiez les tester avant et pendant le travail.

Pourquoi les postures comptent : physiologie, douleur et progression du travail

Je commence toujours par expliquer pourquoi bouger change tout. Le corps n’est pas statique : la gravité, la forme du bassin et la mobilité sacro-iliaque influencent la façon dont le bébé descend. Adopter des postures adaptées modifie l’orientation du bassin, agrandit les diamètres pelviens et permet à l’utérus de travailler plus efficacement. Concrètement, une position qui facilite l’ouverture du bassin peut raccourcir la durée du travail et réduire la sensation de résistance.

Plusieurs études — y compris des revues systématiques — montrent que rester mobile et privilégier les positions verticales durant le premier stade peut réduire la longueur du travail et augmenter les chances d’un accouchement spontané. Ce n’est pas une promesse absolue, mais une tendance statistique qui confirme ce que je vois en cabinet : bouger aide. Et psychologiquement, le fait d’avoir des options de posture donne confiance — et la confiance diminue la tension musculaire, donc la douleur.

Sur le plan douloureux, la posture agit sur trois leviers : la mécanique (moins de pression sur certaines zones), la circulation (meilleure oxygénation, diminution des douleurs de type crampe) et la respiration (la possibilité de respirer profondément en étant détendue). Une position qui ouvre le thorax et libère le diaphragme rend la respiration plus efficace : vous soufflez mieux, vous relâchez mieux, et les contractions deviennent plus gérables.

Je vous encourage à expérimenter pendant la grossesse. Testez plusieurs positions lors des contractions d’entraînement : vous apprendrez quelles postures vous soulignent le mieux. C’est aussi un moment pour associer une technique de respiration à chaque posture — par exemple, des expirations longues en position penchée, ou des respirations lentes en mouvement.

La flexibilité et l’adaptabilité sont essentielles. Chaque femme et chaque travail sont uniques : une position qui marche pour l’une ne conviendra pas forcément à une autre. L’important est d’avoir un « répertoire » de postures connues, de savoir les enchaîner, et de demander de l’aide (partenaire, sage‑femme, physiothérapeute) pour les installer correctement. Ça transforme l’accouchement en un processus actif où vous participez.

Pour finir cette section, notez ces trois repères simples : rester mobile si possible, privilégier les positions qui ouvrent le bassin, et choisir des positions qui permettent une respiration profonde. Ces principes guident le choix des postures décrites dans les sections suivantes.

Postures verticales et actives : marche, balancement, et positions debout

Dès que le travail commence et que c’est possible, je conseille de rester debout et de marcher. La marche active la gravité et favorise la descente du bébé dans l’axe du bassin. Même de courts trajets dans la maison ou dans la salle d’accouchement modifient l’angle entre bébé et col. J’encourage aussi le balancement des hanches : mains sur une chaise ou sur le rebord du lit, les genoux légèrement fléchis, on balance doucement le bassin d’avant en arrière. Ce geste simple détend le bas du dos et stimule le périnée de façon douce.

En position debout, vous pouvez utiliser plusieurs variantes : appui sur une surface (table, fauteuil, canapé), inclinaison vers l’avant en s’appuyant sur le partenaire, ou piétinement léger sur place. Ces options permettent de varier la position tout en restant verticale. Beaucoup de femmes trouvent que s’adosser légèrement à une personne — ou au dossier d’une chaise — apporte un sentiment de sécurité et permet de se relâcher.

Le ballon de naissance est un allié puissant pour les postures actives. Assise sur le ballon, vous pouvez faire des cercles avec les hanches, basculer d’un côté à l’autre, ou vous pencher légèrement en avant. Le ballon accepte votre poids et stimule des mouvements naturels : il favorise l’ouverture du bassin et soulage le bas du dos. En salle d’accouchement, j’utilise souvent le ballon pour aider à modifier l’angle du bébé entre les contractions.

Pendant les contractions, la marche peut sembler impossible : alors je propose la position debout penchée en avant, mains posées sur une table ou sur le dossier d’un fauteuil. Vous vous appuyez, relâchez la mâchoire, laissez descendre la tête et ouvrez les épaules. Cette position libère la respiration et réduit la pression lombaire. Associez une respiration lente et des expirations longues : ça aide à traverser la contraction en gardant le corps souple.

Si vous avez un partenaire, impliquez‑le : il peut vous soutenir en position debout, masser les lombaires ou tenir le ballon pendant que vous vous penchez dessus. L’accompagnement physique et verbal diminue la perception de la douleur. Une anecdote : une future maman que j’ai accompagnée en 2023 a expliqué que la marche entre les contractions lui a donné l’impression de “reprendre le contrôle” — son travail s’est déroulé plus fluidement et elle a évité une anesthésie.

Restez attentive aux signes de fatigue. Les positions verticales sont puissantes, mais elles demandent de l’énergie. Alternez avec des moments assise ou à quatre pattes pour récupérer. L’objectif : utiliser la gravité et la mobilité pour faciliter le travail, sans s’épuiser.

Postures d’ouverture du bassin : accroupissement, à quatre pattes et positions avec ballon

Quand on veut favoriser l’ouverture du bassin et réduire la pression sur le périnée, certaines postures sont particulièrement efficaces. L’accroupissement est l’une des plus puissantes : il augmente significativement le diamètre du bassin et permet au bébé d’occuper une meilleure orientation pour la descente. En salle d’accouchement, ça peut se faire soutenue par le partenaire, une barre, ou assistée avec une chaise d’accouchement. Si vous vous entraînez pendant la grossesse, faites plusieurs séries d’accroupissements pour renforcer les jambes et habituer votre corps à cette position.

La version adaptée à l’accouchement consiste à garder le dos droit, les talons posés si possible, et les mains sur les genoux ou sur une surface stable. Respirez profondément entre les contractions. L’accroupissement peut être maintenu pendant les poussées si vous vous sentez forte, ou utilisé par intermittence pour élargir le passage.

La position à quatre pattes est une autre option fréquemment recommandée. Elle diminue la pression sur le sacrum et peut aider en cas de douleurs lombaires intenses ou si le bébé est en position postérieure (dos du bébé dirigé vers le dos de la mère). À quatre pattes, vous pouvez basculer le bassin, faire des cercles de hanches, et vous pencher légèrement en avant. Cette position favorise aussi un mouvement de rotation du bébé, souvent bénéfique pour faciliter la descente.

L’usage du ballon de naissance se combine très bien avec l’ouverture du bassin. Assise sur le ballon, jambes écartées, vous pouvez faire de petits rebonds ou basculer le bassin. Le ballon permet une ouverture douce, confortable et énergétiquement moins coûteuse que l’accroupissement soutenu. Il est particulièrement utile si vous avez reçu une péridurale légère : il offre mobilité sans trop d’effort.

Voici quelques repères pratiques pour ces postures :

  • Testez l’accroupissement pendant la grossesse pour connaître vos limites.
  • Utilisez une aide (partenaire, barre, chaise) pour éviter de vous épuiser.
  • En position à quatre pattes, gardez les épaules détendues pour optimiser la respiration.
  • Combinez ballon et mouvements lents pour garder le contrôle.

Une anecdote : une femme venue pour une naissance où le bébé semblait bloqué en rotation a retrouvé du progrès en alternant ballon et position à quatre pattes. En moins d’une heure, le travail a repris de la vigueur et la maman a pu pousser de façon plus efficace. Ces témoignages répétés me confirment que la variété et l’adaptation des postures sont souvent la clé.

Postures de transition, soulagement périnéal et moments de repos

Les moments de transition (passage du premier au deuxième stade) demandent souvent d’ajuster les positions pour protéger le périnée et préparer la poussée. Je recommande la position latérale (allongée sur le côté) pour récupérer tout en maintenant une bonne progression. Elle réduit les risques de sur‑pression sur le périnée, prévient la fatigue, et permet une respiration efficace. Allongée sur le côté, la jambe supérieure peut être légèrement repliée pour ouvrir le bassin, ou soutenue par un coussin.

La semi-assise (dos relevé à 30–45°) est une autre position de transition utile, notamment après une péridurale partielle. Elle combine repos et contrôle : vous voyez le travail avancer et vous pouvez pousser plus efficacement lorsque le moment arrive. Le semi‑assise est confortable, permet un bon contact visuel avec le bébé, et facilite la communication avec l’équipe.

Pour le soulagement périnéal, le bain tiède ou la douche dirigée sur le bas‑ventre apportent une détente musculaire réelle. L’eau diminue la perception de la douleur et favorise une meilleure circulation. Si la salle d’accouchement propose une baignoire, l’immersion peut être un moment de grand apaisement avant la phase active des poussées.

Les percussions douces, les massages périnéaux non invasifs et l’application de chaleur locale (bouillotte tiède, compresses) soulagent les tensions avant la poussée. Lors des poussées, je suggère d’éviter de pousser de manière explosive ou prolongée à la première impulsion : laissez le périnée se distendre progressivement. Certaines femmes bénéficient d’expirations contrôlées et guidées plutôt que de poussées forcées.

Pensez aussi aux positions de poussée : accroupie, à genoux surélevée, semi-assise, ou sur le côté. Chacune a des effets différents sur la durée et l’intensité des poussées. Par exemple, l’accroupissement peut raccourcir le second stade mais demande plus d’effort musculaire ; la position sur le côté peut protéger le périnée tout en permettant une progression douce.

Je termine en vous donnant trois conseils pratiques :

  • Pratiquez ces postures pendant la grossesse pour connaître vos préférences.
  • Communiquez vos besoins clairement à l’équipe ; demandez de l’aide pour vous repositionner.
  • Rappelez‑vous que le repos fait partie du travail : alternez action et récupération.

Vous pouvez le faire. Écoutez votre corps, gardez des options, et n’hésitez pas à expérimenter les postures proposées ici pour trouver celles qui vous apportent le plus de soulagement et d’efficacité. Si vous souhaitez, je peux préparer une petite fiche pratique personnalisée selon vos habitudes et votre configuration de naissance.

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