Je sais combien le mouvement peut réconforter quand les contractions commencent : c’est comme revenir au rythme de son corps. Je vous explique pourquoi bouger pendant le travail aide, quelles postures libèrent à chaque étape, et comment les adapter avec douceur. Des conseils concrets, des exemples de mamans que j’ai accompagnées, et des outils simples pour que vous puissiez bouger avec confiance.
Pourquoi bouger pendant le travail aide le corps et l’esprit
Bouger pendant le travail n’est pas un simple « plus » esthétique : c’est une stratégie physiologique. Quand vous marchez, vous invitez la gravité à aider la descente du bébé. Quand vous changez de posture, vous stimulez des points de pression où le bébé peut se repositionner. Et surtout, le mouvement influence vos hormones : il favorise la production d’ocytocine et limite l’élévation excessive des catécholamines (le stress), ce qui rend les contractions plus efficaces.
J’ai observé, encore et encore, que les femmes qui bougent conservent davantage de contrôle. Elles parlent moins souvent d’« attendre que ça passe » et plus de « choisir comment je vis chaque contraction ». Ce sentiment d’agir réduit la perception de la douleur. Le corps se sent soutenu. L’esprit retrouve une attention sur le rythme plutôt que sur la douleur.
Physiologiquement, voici ce qui se passe quand vous bougez :
- La gravité aide la rotation et la descente du bébé.
- Les changements d’angle du bassin modifient les diamètres pelviens, créant plus d’espace.
- Les mouvements rythmiques (balancements, cercles de hanches) relâchent les muscles pelviens et favorisent la dilatation.
- Les positions verticales réduisent parfois la durée du travail et la nécessité d’interventions (selon des revues scientifiques).
Une anecdote : une mère que j’ai accompagnée s’est sentie bloquée en position allongée. Dès que nous avons sorti le ballon et qu’elle s’est mise à osciller doucement, les contractions ont repris un rythme régulier et la dilation a avancé. Ce n’était pas magique, mais le corps a répondu au mouvement.
Quelques principes simples à garder en tête :
- Bouger par petites séquences : 10–20 minutes, puis reposez-vous sur le côté.
- Alterner position active et positions de repos.
- Écouter les sensations : bouger pour libérer, s’arrêter pour intégrer.
- S’entourer d’un partenaire ou d’une doula qui propose des touches douces (massage, appui, encouragement).
Bouger n’est pas obligatoire, c’est une invitation. Mais c’est souvent une belle alliée pour rendre le travail plus fluide, moins médicalisé et surtout plus à votre image.
Postures qui libèrent pendant la première phase (précoce et active)
La première phase est le temps de l’ouverture. Les contractions sont longues, espacées, puis se rapprochent. L’objectif : favoriser la descente et préserver l’énergie. Voici des postures que j’utilise souvent avec les mamans que j’accompagne, simples à tester chez soi comme à la maternité.
Positions debout et en mouvement
- Marcher : facile, efficace. Changez de rythme, montez une marche, faites de petits pas.
- Se pencher en avant : mains sur la table, sur une chaise ou sur le dossier d’un fauteuil. La position favorise l’ouverture du dos et soulage la pression.
- Se balancer : genoux légèrement fléchis, bascule du bassin, cercles de hanches. Très utile entre les contractions pour garder un rythme.
- Fentes soutenues : un pied en avant, l’autre derrière, genou fléchi. Ouvrent le bassin, aident à la rotation du bébé.
Positions assises et sur ballon
- Assise sur un ballon de naissance (ou gros ballon fitness) : favorise une posture ouverte, facilite les petits cercles de bassin, permet de reposer les jambes.
- Assise en tailleur ou surélevée : attention au confort ; surélever les fesses aide si vous êtes serrée dans le bassin.
Positions au sol
- À quatre pattes (hands-and-knees) : relâche le bas du dos, laisse de l’espace à l’avant du bassin, est souvent apaisante pour les maux lombaires.
- Kneeling (à genoux, buste en appui sur un coussin) : offre une grande ouverture pelvienne et un point d’appui.
Cues pratiques à tester
- Respirez long, expirez relâché pendant les contractions.
- Faites des cercles de hanches sur l’expiration.
- Changez de posture toutes les 15–20 minutes si possible.
- Portez une tenue confortable, chaussures plates si vous marchez.
Tableau simple des positions et bénéfices
Position | Bénéfices |
---|---|
Marche | Utilise la gravité, rythme |
Ballon assis | Relaxation, mobilité des hanches |
Penché en avant | Soulage le dos, espace antérieur |
À quatre pattes | Libère le dos, favorise rotation |
Fente | Ouvre le bassin, aide rotation |
Un exemple concret : Claire, 32 ans, enceinte pour la première fois, se sentait coupée du mouvement en salle de monitoring. Dès que nous avons synchronisé quelques minutes de marche entre les contrôles puis 10 minutes sur le ballon, elle a retrouvé un seuil d’énergie. La dilatation a progressé, sans précipitation inutile.
Rappelez-vous : la première phase demande de la patience. Bouger, c’est inviter le corps à faire son travail. Tester plusieurs postures vous aide à connaître ce qui vous soutient le mieux.
Postures pour la phase active et la poussée : choisir ce qui protège et libère
Quand le travail devient plus puissant, les sensations s’amplifient. La deuxième phase (poussée) demande souvent des adaptations : laisser le corps guider la poussée, respecter l’envie naturelle de pousser, et choisir des positions qui protègent le périnée tout en offrant un grand espace pelvien. Voici des postures qui ont fait leurs preuves et des conseils pratiques pour les vivre sereinement.
Positions verticales et semi-verticales
- Accroupie : excellente pour élargir le bassin. Faites-vous soutenir (barre, partenaire, cordelette). L’accroupissement augmente les diamètres pelviens et donne un bon levier pour la poussée.
- Debout, penchée en avant : s’appuyer sur un partenaire ou une barre. Laissez les contractions guider la poussée. Très utile si vous voulez rester mobile.
- Assise haute (chaise de naissance / tabouret) : soutient et ouverture, souvent confortable pour alterner poussées assistées.
Positions à quatre pattes et latérales
- À quatre pattes : réduit la pression occipitale postérieure et aide le bébé à se repositionner. Elle peut diminuer les déchirures chez certaines femmes.
- Décubitus latéral (allongée sur le côté) : freine la descente si besoin, utile pour protéger le périnée ou si vous avez des épisodes d’hypertension. Très adaptée après une péridurale partielle.
Position semi-assise et décharge du périnée
- Semi-assise avec appui arrière : souvent proposée en salle de naissance. Pour protéger le périnée, respirez profondément, accompagnez la poussée plutôt que de forcer, et laissez des pauses entre chaque effort.
- Technique de soutien périnéal : main du compagnon ou de la sage-femme soutenant le périnée, pression douce pour guider la sortie. Ça peut réduire les forces de traction et la vitesse d’expulsion.
Pousser spontanément vs pousser dirigée
- Je conseille de favoriser la poussée spontanée quand c’est possible : vous ressentez l’envie, vous soufflez et poussez au rythme. C’est souvent plus respectueux du périnée.
- Les poussées dirigées (on vous demande de prendre une grande inspiration et pousser fort) restent nécessaires dans certains contextes médicaux. Elles peuvent être efficaces mais plus fatigantes.
Anecdote clinique : lors d’un accouchement où la maman avait été longue à dilater, passer à une position accroupie soutenue par le conjoint a permis au bébé de mieux s’orienter. Les dernières contractions ont été plus courtes, et la mère a senti une grande différence dans la puissance ressentie.
Conseils pratiques pour la poussée
- Laissez venir l’envie de pousser ; n’accentuez pas si vous n’en avez pas.
- Bougez entre les poussées (balancer les hanches, lever une jambe pour changer l’angle).
- Utilisez la respiration : expirez doucement pendant la poussée pour mieux sentir et protéger le périnée.
- Demandez un soutien périnéal manuel si vous souhaitez limiter la vitesse d’expulsion.
En cas d’épidurale
- Les positions verticales peuvent être limitées. Le decubitus latéral ou une assise inclinée supportée sont souvent utilisées. Le peanut ball (ballon œuf) placé entre les jambes peut aider la rotation et réduire la durée du travail selon plusieurs études.
Choisir une position pour la poussée, c’est choisir un équilibre entre ouverture pelvienne, confort, et protection périnéale. Écoutez les sensations et adaptez-vous. Vous pouvez changer de posture au fil des contractions ; le mouvement reste votre allié, même pendant la poussée.
Transitions, outils et rôles du partenaire : accompagner le mouvement avec ressources simples
Changer de posture ne se fait pas dans le vide. Les petits outils et le soutien du partenaire ou de la doula rendent ces transitions fluides et sécurisantes. Je vous partage des ressources pratiques et des scénarios concrets pour les mettre en œuvre.
Outils qui facilitent le mouvement
- Ballon de naissance (ou Swiss ball) : pour s’asseoir, osciller, ouvrir les hanches. Léger et mobile.
- Peanut ball : particulièrement utile en cas d’épidurale pour maintenir une ouverture pelvienne et favoriser la rotation.
- Barre murale, cordelette ou barre d’accouchement : offre un point d’appui pour l’accroupissement ou la position debout penchée.
- Baignoire / douche chaude : l’eau détend, soulage la douleur et permet une grande liberté de mouvement.
- Tabouret de naissance : supporte l’accroupissement et la poussée en position assise.
- Coussins et couvertures roulées : pour soutenir le ventre, les genoux, ou proposer des appuis confortables.
Rôles du partenaire ou de la doula
- Proposer et accompagner le changement de posture sans imposer.
- Offrir des appuis (bras, épaule, ceinture) pour aider à s’installer en sécurité.
- Masser les lombaires ou les épaules pendant les contractions.
- Observer les signes de fatigue et proposer une pause active (temps de respiration, position latérale).
- Communiquer calmement avec l’équipe soignante pour ajuster le plan si nécessaire.
Séquences pratiques pour transitions
- Exercice « 10 + 10 » : 10 minutes de marche, suivies de 10 minutes sur le ballon, puis 10 minutes de repos latéral. Répétez selon le besoin.
- Transition douche → ballon : restez 2 minutes sous la douche, puis asseyez-vous sur le ballon soutenue par votre partenaire. L’eau assouplit, le ballon mobilise.
- Passage à l’accroupissement : prenez appui, pliez légèrement les genoux, placez les mains sur la barre ou l’épaule du partenaire, et respirez pour laisser descendre.
Adaptations en cas d’épidurale
- L’épidurale limite souvent la mobilité mais pas toutes les options. Le peanut ball est utile entre les jambes pour maintenir l’ouverture. Le côté gauche ou droit en alternance peut favoriser la rotation. Les professionnels peuvent proposer un basculement du lit ou l’installation d’un siège adapté.
Sécurité et signes d’alerte
- Si vous avez des saignements abondants, des signes d’infection, une baisse du mouvement fœtal, ou que vous vous sentez étourdie, appelez l’équipe médicale.
- Prévenez avant tout changement majeur (position complètement verticale ou immersion) si la surveillance du bébé est requise.
Anecdote : Julien, partenaire attentif, tenait une barre improvisée pendant que la maman s’accroupissait. Sa présence et ses encouragements ont transformé une position difficile en un moment de grande confiance.
En pratique, entraînez ces transitions avant le jour J : quelques sessions sur le ballon, une baignoire test, un accroupissement guidé. Ça rend les mouvements naturels le jour du travail et renforce votre confiance.
Conseils pratiques, planification et quand demander aide
Se préparer au mouvement, c’est aussi préparer un plan simple et souple. Voici mes recommandations pour que vous puissiez agir avec confiance le jour venu.
Avant l’accouchement
- Entraînez-vous : des séances de mobilité pelvienne de 10–15 minutes plusieurs fois par semaine.
- Testez les outils : ballon, douche, positions d’accroupissement. Plus vous connaissez vos appuis, plus vous serez à l’aise.
- Écrivez des options dans votre plan de naissance : « je préfère bouger, j’aimerais essayer le ballon, j’aime l’idée d’un accroupissement soutenu ». Gardez la flexibilité.
Le rôle de l’équipe soignante
- Informez votre sage-femme ou obstétricienne de vos préférences. Une équipe informée facilite l’adaptation des protocoles (monitoring intermittent, liberté de mouvement).
- Si vous avez une péridurale en vue, demandez quelles positions sont possibles dans la salle.
Quand demander de l’aide immédiatement
- Mouvements impossibles à cause d’une douleur aiguë nouvelle ou d’un malaise.
- Perte de conscience, saignement important, fuites liquides abondantes et non contrôlées.
- Réduction marquée des mouvements du bébé. Dans ces situations, la priorité est la sécurité : appelez sans hésiter.
Petit exercice à retenir pour le travail
- Inspire 4 temps, expire 6 temps en relâchant le ventre. Pendant l’expiration, laissez le bassin se balancer. Répétez 3–5 fois. C’est simple, respirant et stabilisant.
Conclusion douce
Vous avez déjà des outils en vous : le souffle, le mouvement, la capacité d’écouter. Bouger pendant le travail, ce n’est pas suivre une recette stricte. C’est dialoguer avec votre corps, tester, revenir, ajuster. Entraînez-vous, discutez de vos préférences, choisissez un soutien qui vous connaît. Vous pouvez créer un espace sécurisant où chaque posture devient une aide, non une contrainte. Je suis toujours là pour vous accompagner sur ce chemin, une respiration à la fois.
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