Je sens souvent, quand j’accompagne une future maman, la puissance simple d’un mouvement posé. Les postures pendant le travail ne sont pas des accessoires : elles façonnent la douleur, la descente du bébé, et surtout votre confort et votre confiance. Ici, je vous explique pourquoi bouger aide, quelles positions privilégier à chaque étape, et comment pratiquer avant le grand jour.
Pourquoi les postures comptent pendant le travail
Le corps est un système. Quand vous bougez, vous invitez les os du bassin, les ligaments et l’utérus à retrouver des trajectoires favorables pour la descente du bébé. En tant que doula, j’ai vu à maintes reprises que la mobilité pendant le travail change la donne : contractions plus efficaces, moins de blocages, et souvent un travail plus court et plus respectueux du rythme maternel.
Physiologie simple et précieuse :
- Les positions verticales ouvrent le bassin grâce à l’effet de gravité et améliorent l’alignement du bébé.
- Les mouvements rythmiques (balancement, marche, bascule du bassin) aident à descendre la présentation et réduisent la sensation de douleur en stimulant des circuits nerveux qui concurrencent la douleur.
- Changer de position favorise la circulation sanguine, tant pour vous que pour votre bébé.
Ce que disent les données : plusieurs revues systématiques concluent que l’activité et la position verticale pendant le travail peuvent raccourcir la première phase du travail et diminuer le besoin d’une césarienne instrumentale. Ça ne garantit rien, mais c’est un levier simple, non invasif et à votre portée.
Pratique et adaptabilité :
- Bouger n’implique pas d’effort héroïque. Parfois, quelques pas, une bascule de bassin, ou s’adosser sur une partenaire suffisent.
- Si vous avez des contraintes médicales, le principe reste : adapter la posture à votre situation, avec l’équipe soignante.
- L’intuition compte : écoutez la position qui vous fait respirer, qui vous rassure, qui vous permet de relâcher.
Anecdote : j’ai accompagné une maman qui, après trois heures cloîtrée en position couchée, a accepté de se mettre à genoux et d’ouvrir le dos contre la peau chaude de son compagnon. En trente minutes, son bébé a amorcé une rotation et le travail est devenu plus fluide. Ce n’est pas une recette, c’est une invitation à tester.
Conseils concrets :
- Faites de la mobilité une priorité dès que possible dans le travail.
- Préparez quelques outils : un ballon de naissance, une chaise haute/hauteur, des coussins.
- Accordez-vous la liberté de changer souvent : chaque position dure rarement plus de 10–20 minutes avant qu’une autre ne prenne le relais.
En bref : les postures ne sont pas accessoires. Elles sont un langage — le vôtre — avec votre bébé. Apprenez quelques positions, répétez-les avant la naissance, et laissez-les vous soutenir lorsque le corps travaillera à sa tâche la plus ancienne : donner la vie.
Postures pour la phase de latence et le début du travail
La phase de latence est souvent longue et peut être épuisante psychiquement. Votre objectif principal ici est d’instaurer du confort, de favoriser la dilatation douce, et de préserver vos forces. Les postures adaptées soutiennent ces objectifs.
Positions douces et efficaces :
- Marcher doucement : stimule les contractions irrégulières et aide bébé à s’engager. Prendre l’air, changer de pièce, ou simplement faire le tour du couloir peut relancer le rythme.
- Se tenir debout en appui (sur un dossier, une table, le partenaire) : permet de soulager le bas du dos et d’utiliser la gravité. Intégrez des respirations longues entre chaque contraction.
- Se balancer sur un ballon de naissance : bascule du bassin avant/arrière, petits cercles. C’est rassurant et très utile pour ouvrir le bassin.
- Position inclinée, assise et penchée vers l’avant (sur une chaise ou le côté d’un lit) : relâche les lombaires et favorise un meilleur angle d’entrée du bébé.
- Mains-et-genoux : soulage le mal de dos, stimule la rotation du bébé et calme souvent la sensation de pression pelvienne.
Pourquoi ces postures ? Elles maintiennent la mobilité sans consommer trop d’énergie. Elles invitent le bébé à trouver sa meilleure position progressivement. Elles offrent aussi des variations pour tester ce qui apaise votre corps.
Anecdote concrète : une future maman en travail de latence m’a demandé de l’aider à trouver du confort sans quitter sa maison. Nous avons alterné marche lente, assise inclinée et 10 minutes sur le ballon. Elle a décrit un vrai soulagement et a pu conserver son énergie pour le travail actif.
Conseils pratiques :
- Faites des cycles courts : 10–20 minutes par position, puis changez.
- Prévoyez une gourde, des snacks légers et un endroit où vous sentir en sécurité.
- Impliquez votre partenaire : tenir la main, soutenir les hanches, pousser le ballon.
- Si la douleur augmente ou si vous vous sentez faible, reposez-vous ; la position couchée avec un coussin sous les genoux peut être nécessaire.
Signes pour demander de l’aide : saignement important, diminution des mouvements fœtaux, fièvre, ou si une position devient intenable. Dans ces cas, alertez l’équipe médicale.
En synthèse : la phase de latence est un moment pour bouger avec douceur. Les postures choisies vous aident à conserver votre énergie, à guider bébé et à entrer progressivement dans le rythme du travail. Elles vous donnent un sentiment de contrôle — précieux pour le reste du parcours.
Postures pour le travail actif et la descente
Quand le travail s’intensifie, le corps a besoin d’espace, d’appuis sûrs et de rituels simples. Le mouvement devient plus ciblé : ouvrir le bassin, accompagner la rotation du bébé, protéger le périnée. Voici les postures qui, selon mon expérience, facilitent le plus la descente.
Positions favorables :
- Debout, appuyée en avant (sur une chaise haute, la table d’examen, ou le partenaire) : très efficace pour ouvrir le bassin et utiliser la gravité. Alternez poids sur chaque jambe pour varier l’ouverture pelvienne.
- Squat soutenu : très utile pour la deuxième phase et parfois pour accélérer la descente. Utilisez un élastique, un bord de lit, ou le bras du partenaire pour vous ancrer. Le squat augmente le diamètre pelvien.
- À quatre pattes (hands-and-knees) : idéal si le bébé est en position postérieure (dos du bébé vers votre dos). Soulage le bas du dos et favorise la rotation antérieure.
- Assise sur un ballon en mouvement : continuez les cercles et bascules, surtout si vous souhaitez relâcher des tensions.
- Position latérale : reposante entre deux poussées, elle préserve l’énergie et réduit la pression sur le périnée.
Tableau récapitulatif (simple)
Position | Avantages | Quand l’utiliser |
---|---|---|
Debout penchée | Gravité, ouverture pelvienne | Travail actif, contractions régulières |
Squat | Augmente le diamètre pelvien | Descente, poussée physiologique |
Mains-et-genoux | Rotation du bébé, soulagement du dos | Si bébé en postérieur |
Assise sur ballon | Mobilité douce | Entre contractions, transition |
Latérale | Repos, réduction pression périnéale | Repos entre poussées |
Technique et respiration :
- Respirez doucement, en inspirant dans le bas du ventre et en soufflant longuement. La respiration aide à relâcher les muscles pelviens entre les contractions.
- Lors d’un squat, poussez sur les talons (si possible) et laissez le périnée suivre la poussée ; évitez de pousser en apnée.
- En position debout penchée, pensez à basculer le bassin pour tester l’angle qui facilite la descente.
Rôle du partenaire et de la doula :
- Maintenir un appui stable (bras, écharpe, chaise).
- Aider à protéger le périnée par une main chaude et rassurante au besoin.
- Offrir massages, compresses chaudes, encouragements et propositions de position quand la maman est fatiguée.
Anecdote : une mère que j’accompagnais hésitait à se mettre en squat, craignant la douleur. Avec un soutien progressif (sangles autour d’un pilier, encouragements du père), elle a tenu le squat quelques minutes entre deux contractions. Le bébé a descendu plusieurs centimètres en peu de temps — et elle a retrouvé confiance.
Précautions :
- Évitez le squat profond si vous vous sentez instable ou si l’équipe médicale demande une surveillance rapprochée.
- Si un monitoring interne est posé ou si vous êtes sous perfusion, adaptez : positions inclinées, demi-assises ou latérales peuvent rester actives.
En résumé : lors du travail actif, privilégiez les positions qui utilisent la gravité et ouvrent le bassin. Testez, changez, et laissez votre corps choisir ce qui fonctionne. L’alliance entre mouvement et appui soutenu est souvent la clé d’une descente harmonieuse.
Postures pour l’expulsion et la poussée physiologique
L’expulsion est un moment d’une intensité particulière. Ici, la posture influence directement la direction des forces et la façon dont le périnée s’étire. Ma mission comme doula est d’aider la maman à trouver la position qui lui permet de pousser « naturellement », en respectant ses signaux et le rythme du bébé.
Principes guidant la poussée physiologique :
- Favoriser une ouverture maximale du bassin.
- Respecter l’envie spontanée de pousser ou accompagner une poussée dirigée si nécessaire.
- Protéger le périnée par un soutien adapté et des consignes douces.
Positions recommandées :
- Squat profond (assisté) : très efficace pour élargir le canal pelvien. Le partenaire ou une écharpe peut soutenir les bras pour réduire l’effort. Le squat met le périnée sous le bon angle pour une sortie plus directe.
- Accroupie sur un tabouret de naissance : combine confort, appui et gravité. Idéal si l’espace le permet.
- À genoux, en s’appuyant en avant (sur un banc ou le dossier du lit) : réduit la pression sur le périnée tout en permettant une poussée efficace.
- Assise, penchée en avant (sur une chaise ou un bord de lit) : pratique si la maman préfère être moins engagée physiquement.
- Latérale : excellente si vous avez besoin de repos ou si le bébé est en rotation lente. Elle limite les forces directes sur le périnée.
Spontanéité vs poussée dirigée :
- La poussée spontanée (réponse involontaire à l’envie) respecte souvent mieux le périnée et réduit les risques de déchirure.
- La poussée dirigée (sur consigne) peut raccourcir le temps de sortie mais demander plus d’effort et parfois augmenter la pression périnéale.
- Mon rôle : observer votre respiration, vos cris, votre visage, et vous proposer la méthode qui protège votre corps tout en étant efficace.
Techniques de protection périnéale :
- Compression manuelle douce du périnée par la main chaude et huilée du soignant/doula.
- Poussée lente, guidée par une expiration longue plutôt que par une poussée brutale.
- Utilisation de compresses chaudes pour assouplir les tissus juste avant l’expulsion.
Anecdote : une maman épuisée n’arrivait pas à trouver la force de pousser. Nous avons essayé la position latérale, et à sa surprise elle a senti une poussée naturelle qui a permis l’expulsion en quelques minutes, sans poussée forcée. Le bébé est né dans un calme relatif, et la maman a gardé une belle énergie pour le peau-à-peau.
Rôle du partenaire :
- Sustenir les hanches, maintenir l’équilibre, masser le bas du dos entre les contractions.
- Être le relais de la maman quand elle perd ses repères : proposer une lampe douce, humidifier les lèvres, rappeler la respiration.
Signes de vigilance :
- Si l’équipe demande une position spécifique pour des raisons médicales (monitoring, épisiotomie programmée, etc.), adaptez-vous : l’important reste la sécurité.
- En cas d’urgence (détresse fœtale, arrêt de l’engagement), suivez les consignes médicales.
Conclusion de la section : la poussée physiologique s’épanouit dans une posture qui respecte votre envie spontanée et maximise l’ouverture pelvienne. Laissez-vous guider, changez si nécessaire, et rappelez-vous : le mouvement juste, soutenu, et accompagné, porte souvent la naissance vers une sortie plus douce.
Changer de posture, pratiquer avant, et préparer le terrain
Vous n’avez pas à inventer des positions le jour J : préparer son corps et son entourage change tout. La répétition rend les gestes familiers, réduit l’anxiété et augmente votre palette de solutions pendant le travail.
Pratique à la maison :
- Intégrez 10–20 minutes quotidiennes de mobilité pelvienne : balancements sur ballon, squats légers, mains-et-genoux.
- Travaillez la respiration : inspirer bas, expirer long. Associez-la aux mouvements.
- Simulez des positions avec votre partenaire : maintenir un appui, masser le bas du dos, tenir les bras.
- Testez le bain si vous prévoyez une naissance aquatique : la flottabilité change les sensations et facilite certains mouvements.
Communication avec l’équipe :
- Sur votre projet de naissance, notez vos préférences : mobilité, positions à tester, désir d’un accouchement physiologique.
- Demandez quelles contraintes pourraient limiter la mobilité (monitoring continu, perfusion, complications).
- Préparez des phrases simples pour le travail : « Je veux bouger », « J’ai besoin d’un appui », « Je préfère la poussée spontanée ».
Outils utiles à prévoir :
- Ballon de naissance
- Écharpe de soutien ou draps solides
- Tabouret de naissance ou coussin ferme
- Bouteille d’eau et snacks
- Playlist et lumière douce
Changer de position : mode d’emploi
- Faites-le entre les contractions, ou pendant la contraction si le mouvement aide.
- Laissez au moins 5–10 minutes dans une position pour apprécier son effet.
- Si une position augmente la douleur sans bénéfice, essayez-en une autre. Le mouvement est un dialogue, pas une obligation.
Quand demander de l’aide :
- Si vous ressentez des vertiges, nausées persistantes, perte de conscience, saignement abondant, ou diminution des mouvements fœtaux.
- Si l’équipe vous conseille un repos strict pour des raisons médicales.
Mot final, en confiance :
Vous avez déjà en vous des ressources immenses. Les postures sont des alliées concrètes : elles changent la mécanique, apaisent, et vous connectent à votre pouvoir de naissance. Entraînez-vous doucement, préparez votre entourage, et rappelez-vous que chaque changement est une petite victoire. Si vous voulez, je peux vous proposer une séance pratique pour tester ces positions ensemble — j’adore voir les mamans retrouver confiance dans leur corps.
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