Les postures qui favorisent un travail naturel et harmonieux

Je sais que face au travail, on se sent parfois coincée entre conseils médicaux, peur de la douleur et envie de faire confiance à son corps. Je vous parle des postures qui favorisent un travail naturel et harmonieux : pourquoi elles aident, comment les tester, et des gestes concrets à proposer à votre partenaire ou votre doula. Tout est une invitation à bouger, sentir et choisir.

Pourquoi les postures comptent pour un travail naturel

La première chose que je dis toujours : le corps n’est pas un objet statique. Pendant le travail, il cherche des appuis, des ouvertures, un rythme. Les postures influencent la manière dont le bébé descend, comment le col se dilate, et même la perception de la douleur. En clair, bouger, varier les positions, c’est donner de l’espace au processus.

Physiquement, trois éléments jouent ensemble : la gravité, la forme du bassin et la tonicité des muscles du périnée. Être en position verticale aide la gravité à faire descendre le bébé; certaines positions élargissent le diamètre du bassin (penser au « squat »), et certaines postures relâchent les muscles para-sacrés qui peuvent freiner la descente. J’explique sans jargon : changer de position modifie les angles et le trajet du bébé, souvent de manière favorable.

Sur le plan hormonal, la mobilité et le confort favorisent la production d’œstrogènes et d’ocytocine endogènes. Quand vous êtes soutenue, en sécurité et que vous pouvez bouger, votre corps libère mieux ces hormones qui rythment les contractions. C’est pourquoi on parle d’un « travail naturel » : il ne s’agit pas d’une idéologie, mais d’utiliser des ressources physiologiques déjà présentes.

J’ai accompagné des mamans qui, après deux heures d’immobilité, ont vu leur travail repartir dès qu’elles se sont levées et promenées. D’autres ont trouvé la relaxation et l’ouverture en s’appuyant sur un ballon de naissance. Selon l’OMS et de nombreuses recommandations actuelles, la mobilité lors du travail est encouragée : elle réduit l’inconfort et peut favoriser une évolution plus fluide. Rien n’est magique ni garanti, mais ces leviers sont simples et accessibles.

Concrètement, commencez par tester ce qui vous convient : marcher, vous appuyer, vous asseoir sur un ballon, vous pencher sur un lit ou vous accroupir. Écoutez votre corps entre deux vagues : s’il demande de bouger, bougez; s’il demande du calme, reposez-vous. Votre intuition est une boussole puissante, et les postures sont des outils pour l’aider.

Positions verticales : marcher, s’appuyer, se balancer

Quand je parle de positions verticales, j’invite à retrouver la liberté du mouvement. Marcher, se tenir debout en s’appuyant, se pencher en avant… toutes ces options utilisent la gravité et donnent de l’oxygène à votre diaphragme et à votre esprit.

Marcher : c’est l’outil le plus simple. Une promenade dans la chambre ou le couloir module les contractions, aide le bébé à se présenter et garde votre circulation active. Je recommande d’alterner rythme lent et petits pas plus soutenus selon les sensations. Prévoyez des chaussures confortables et un(e) accompagnant(e) pour vous tenir si nécessaire.

S’appuyer en avant : posez les mains sur une table haute, une commode ou l’épaule d’un partenaire. Cette inclinaison verse la pression sur le sacrum et libère de l’espace à l’avant du bassin. De nombreuses femmes trouvent ça plus confortable que rester debout immobile. Le ballon de naissance peut remplacer la table : s’appuyer dessus, se balancer doucement, relâcher la mâchoire.

Se balancer et onduler : un petit mouvement de balancier, bascule du bassin, ou des rotations douces permettent de gérer la douleur et de favoriser la flexion du bébé. Les mouvements rythmiques activent un autre centre de la douleur cérébrale, et aident à accepter les contractions plutôt qu’à les combattre.

Soutien du partenaire : tenez-vous face à votre partenaire, appuyez-vous sur lui, ou laissez-le vous masser le bas du dos pendant que vous marchez. J’ai vu des couples transformer une phase difficile en moment intime grâce à ce simple appui.

Attention à l’épidurale : si vous prévoyez ou recevez une analgesie péridurale, certaines positions verticales ne seront pas possibles. Adaptez-vous et privilégiez les inclinaisons et les positions soutenues.

En pratique : alternez 10–20 minutes de marche, puis 10 minutes d’appui; ressourcez-vous avec de la respiration lente; buvez et bougez prudemment après chaque pause. Beaucoup de femmes que j’accompagne notent une nette amélioration du confort quand elles intègrent ces gestes régulièrement.

Positions d’ouverture : accroupie, squat, ballon et soutien actif

Les positions d’ouverture visent à élargir le bassin et faciliter la descente. Le squat et l’accroupissement modifient la forme du canal pelvien et augmentent le diamètre inférieur du bassin — c’est utile surtout en phase active du travail et lors de l’expulsion.

Le squat : soutenu, c’est une position puissante. Idéal avec une barre, une poignée au plafond, une écharpe de portage ou l’aide d’un partenaire. Faites attention au souffle : inspirez pendant la préparation, expirez et relâchez pendant la contraction. On ne pousse pas systématiquement; parfois, soutenir et laisser la contraction produire la descente suffit. Le squat peut être adapté : demi-squat, pied écarté, talons surélevés — testez ce qui vous convient.

Accroupie assise sur un élément : s’accroupir autour d’un ballon, d’un tabouret bas ou sur le siège d’un accouchement permet d’être dans une position ouverte sans perdre l’équilibre. Le ballon de naissance est polyvalent : il sert d’assise pour basculer le bassin, de support pour s’appuyer et pour réaliser des rotations.

Le rôle du partenaire : il peut soutenir sous les aisselles, tenir les avant-bras, ou soutenir la têtière du ballon. La confiance du couple change tout : savoir que l’autre vous porte physiquement et émotionnellement rend l’effort plus doux.

Effet sur le périnée : certaines craintes existent sur le risque de déchirure en squat. En réalité, le contrôle du souffle, l’accompagnement adapté et la posture progressive réduisent les efforts brusques. J’insiste sur le fait que personne n’est obligée d’adopter un squat complet; des versions semi-accroupies sont très efficaces.

Conseils pratiques : répétez ces positions en répétition pendant le travail plutôt que de rester longtemps immobile; associez de la respiration profonde et des sons sourds pour accompagner la descente; n’hésitez pas à demander une pause dans une position plus confortable entre deux efforts.

Positions de repos, de transition et protection périnéale

Un travail harmonieux alterne dynamique et repos. Les positions de repos et de transition permettent de récupérer, d’écouter le bébé et d’offrir au périnée une guidance douce, surtout en fin de travail.

Position latérale (couchée sur le côté) : excellente pour récupérer entre deux phases actives, pour ralentir une progression trop rapide ou pour permettre à une maman fatiguée de reprendre des forces. Elle réduit la pression sur le périnée et favorise un meilleur retour veineux. Souvent sous-estimée, la position latérale est idéale après une période de marche ou de verticalité intensive.

À quatre pattes (position mains-genoux) : très utile quand le bébé est mal orienté (présentation postérieure) ou si la maman ressent une forte douleur dans le bas du dos. Cette posture soulage, ouvre le sacrum et peut permettre au bébé de pivoter. J’ai vu des bébés « reprendre leur place » après quelques minutes à quatre pattes.

Semi-assise avec inclinaison : assise sur un rebord de lit ou un fauteuil, le buste incliné en avant, cette position combine soutien et ouverture. On la recommande si vous avez besoin d’être soutenue tout en gardant un angle favorable pour la descente.

Protection périnéale et poussée guidée : à l’approche de la sortie de la tête, les changements de position peuvent moduler la vitesse. Un accompagnement respectueux (main sur le périnée, compresses chaudes, contrôle du souffle) peut réduire les déchirures. La posture peut ralentir ou accélérer l’expulsion; choisissez en conscience, avec votre équipe.

L’eau comme alliée : le bain ou la piscine offrent un soutien naturel, réduisent la perception de poids et favorisent la relaxation. Beaucoup trouvent que l’eau facilite les changements de position sans effort. Vérifiez les recommandations de votre maternité et votre plan de naissance, mais gardez l’eau en tête comme option apaisante.

L’important n’est pas d’appliquer des règles strictes mais d’expérimenter. Testez, adaptez, et souvenez-vous que votre corps sait souvent quoi faire. Avec un(e) partenaire informé(e), une doula ou une sage-femme attentive, ces postures deviennent des outils pour vivre un travail plus fluide et plus respectueux.

Je vous laisse avec des gestes simples à essayer dès maintenant et pendant le travail :

  • Pratiquez la marche et le squat léger lors des dernières semaines.
  • Entraînez-vous sur un ballon : bascule du bassin, petits cercles.
  • Discutez avec votre partenaire : qui tient, qui soutient, qui souffle ?
  • Préparez une « boîte de postures » pour la maternité : ballon, écharpe, chaussons, musique, eau.
  • Restez flexible : changez souvent de position, alternez activité et repos.

Vous avez déjà en vous la capacité de trouver la posture qui vous conviendra. Mon rôle est de vous rappeler que bouger n’est pas perdre le contrôle : c’est dialoguer avec votre corps pour accueillir votre bébé dans la douceur. Si vous voulez, je peux vous proposer des fiches pratiques à glisser dans votre valise de maternité.

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